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L'ODYSSEE DE L'EMPATHIE

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Michel Meignant :

Est-ce que vous pensez que traiter les enfants avec bienveillance ça peut changer quelque chose à l’avenir de l’humanité ?

 

Arnaud Deroo (Chef de Service petite enfance de Lambersart) :

Ah, oui ! Alors ça c’est quelque chose, mais alors, ancré profondément en moi. Oui, vraiment, c’est vraiment dans tout le travail autour de l’accompagnement du bébé, l’accompagnement des parents, on peut changer vraiment profondément les choses. Maria Montessori disait déjà « Si on élevait les enfants autrement le monde changerait ». Donc, c’est toujours très attristant de voir que des choses qui ont été écrites il y a très longtemps, cela met toujours un temps fou d’arriver sur la vie de tous les jours. Je dis souvent quand on parle d’une loi contre la fessée c’est comme si on parlait de politique. Ça démarre au quart de tour, c’est terrible hein ? Les parents que j’ai dans les ateliers ils sont vraiment, vécus comme des extraterrestres parce que bon il y a quand même fortement la croyance en France, je le dis souvent dans mes ateliers, je pense que c’est Freud qui a fait beaucoup de mal. Quand il parlait que l’enfant est un pervers polymorphe, je trouve que l’on trimbale un peu tout ça et donc, on est beaucoup dans cette croyance que les enfants nous cherchent, donc il faut les mâter. Moi je dis toujours que pour comprendre la petite enfance, il faut être touché émotionnellement. Je pense, je serais tenté de croire que les politiques de par leur fonction ils mettent beaucoup de recul par rapport au monde émotionnel. Donc c’est quelques fois, parfois très difficile à être, il faut être touché pour comprendre la petite enfance.

 

Michel Meignant :

Il faut avoir de l’empathie ?

 

Arnaud Deroo :

Il faut avoir de l’empathie !

 

(Générique de début avec musique Ode à la joie)

 

Voix off :

Fiona 5 ans, Dylan 4 ans, Bastien 3 ans, Marina 8 ans, Enzo 2 ans, Tiphaine 5 ans ; ces enfants sont tous morts de maltraitance, comme 7oo autres, chaque année en France.

 

Marylène Patou-Mathis (préhistorienne, dir. De recherche au CNRS) :

Je trouve que c’est tellement important dans notre société actuelle, de comprendre d’où vient cette violence, que j’ai dit : « Voilà, je travaille en préhistoire sur nos ancêtres, allons voir ce qui se passait ». Parce que je crois qu’il faut faire extrêmement attention quand on parle de ce que René Girard appelle « La violence primordiale », parce que pour moi elle n’est pas originelle. C’est-à-dire que c’est pas vrai que on était plus violents, que nos ancêtres étaient violents et que de fait , on serait intrinsèquement, génétiquement violents. Et alors toute l’étude que j’ai pu mener, montre qu’en fin de compte des traces de violences sont extrêmement rares. Donc c’est-à-dire que Les Néandertaliens, les Cro-Magnon étaient des chasseurs cueilleurs nomades, on n’a très peu de traces de violence et on n’a pas de traces de guerre au sens massacre collectif.

 

Michel Meignant :

Et alors vous avez fait des recherches sur les chasseurs cueilleurs qui vivent encore à notre époque. Vous avez une bourse de la fondation de la vocation…

 

Marylène Patou-Mathis :

Tout à fait. J’ai une bourse de la fondation de la vocation qui m’a permis d’aller vivre chez les Bushmen, euh, j’ai donc passé trois mois avec eux, les chasseurs du Kalahari, les Kungs, et donc c’est un peuple chasseur cueilleur nomade, mas bien entendu ces gens ont toute une histoire, ils ne sont pas figés dans le temps. Ce qui m’a intéressée quand j’ai fait aussi ce voyage, c’est de constater qu’en fin de compte il y avait une grande diversité. C’est-à-dire que eux les Bushmen, les Sans étaient des peuples pacifistes. Les Bushmen, vous vous rendez compte ils ont ce qu’on appelle le complexe d’humilité. C’est à dire qu’ils vont tuer un animal, un des chasseurs tue l’animal, ils rentrent et tout, ils ne se valorisent pas. C’est parce que voilà : un jour c’est lui, un jour c’est l’autre etc… Donc il y a cette valeur qui est là de dire voilà : Je ne suis pas le plus grand chasseur et tout, je suis un bon chasseur, donc ça c’est important pour le groupe, mais il n’y a pas de valorisation. Et donc là évidemment on est dans une société où il n’y a pas de valorisation etc… Il n’y a pas de rivalité. Donc s’il n’y a pas de rivalité, il n’y a pas de conflit. Les chasseurs cueilleurs vivent sur un système relativement égalitaire qui est basé sur le partage, c’est quelque chose qui est très très important et c’est une nécessité de survie. C’est-à-dire que quand on est un chasseur cueilleur et que l’on est dans une économie de prédation, que l’on se nourrit sur la nature, on est dans un système qui est obligatoirement de partage. Parce que c’est une question aussi de bon fonctionnement de ce type de société. De coopération, de partage des tâches, et donc tout ça se passe dans cette structure sociale. Et là, il y a une certaine égalité entre tous, puisque on n’a pas grand-chose et tout le monde n’a pas grand-chose. Et ça chez les Sans et les Bushmen c’est une grande liberté pour les enfants. Il faut savoir qu’il y a une notion de collectif aussi, c’est-à-dire que les enfants, si il arrive quelque chose aux parents ne sont pas des orphelins, cela n’existe pas. Le mot orphelin ça n’existe pas, c’est pris par le groupe et donc il n’y a pas déjà cette notion de propriété au niveau de l’enfant. Et chez les Sans par exemple, il n’y a pas du tout de châtiment corporel. Il n’y a pas du tout. Ils sont plutôt dans une très grande liberté, par contre dans un système d’apprentissage. Et donc là on voit les enfants, les petits garçons ils apprennent à tirer, ils ont des petits arcs miniatures et donc ils apprennent, voilà… A tirer, à faire du feu, avec les femmes aussi ils apprennent la cueillette. Il y a tout un système d’apprentissage mais c’est toujours du collectif en fin de compte, c’est-à-dire que c’est comme une crèche familiale (rires), voilà je veux dire. Et ce qui est intéressant, il y a des jeux, aussi, tous les jeux, sont des jeux d’apprentissage ou d’adresse, l’apprentissage physique de savoir des choses physiquement soit d’apprendre des stratégies de chasse, des choses comme ça, par le jeu.

 

(Chants)

 

Muriel Salmona (psychiatre et victimologue) :

La violence elle se nourrit des inégalités. Elle se nourrit de la vision où on considère qu’il y a des catégories inférieures, et les enfants peuvent en faire partie, les femmes peuvent en faire partie, et plus les gens sont traumatisés, plus ils sont dissociés, plus on peut leur faire n’importe quoi, ils ne vont rien dire et tout le monde peut en profiter, soit pour exercer des violences à nouveau sur eux, soit pour leur faire faire des choses complètement folles , des mises en danger totales, comme ont pu être décrits les tueurs de Charlie Hebdo , ou la supérette Kasher de Vincennes… Et que ça c’est l’indice, le trauma très grave.

 

Pierre Rabhi (paysan, agro-écologiste et philosophe) :

L’être humain tombe dans quelque chose de pitoyable et qui nécessite compassion. C’est que l’être humain a peur. Et tant qu’il n’a pas résolu la peur, il n’arrivera à rien du tout. Et donc, sortir de la peur c’est l’urgence absolue, parce que c’est la peur qui justifie la défense du territoire, ce qui justifie les armements, ce qui justifie ces exactions multiples que l’on commet, l’homme contre l’humain, l’humain contre la nature etc. On est dans un marasme tel, que moi j’avoue aujourd’hui, 75 ans, je n’ai pas de réponse, je n’ai toujours pas de réponse. Par contre je reste dans la perspective christique. J’ai tout aboli. Je ne suis plus ni musulman, ni chrétien, rien du tout, mais cet être qui dit : « Aimez même vos ennemis », et que l’amour c’est la puissance absolue, ça, j’adhère. Oui, j’adhère totalement à ça. Et de plus en plus se confirme effectivement que l’amour est une puissance constructive extraordinaire. Et là aussi je me suis dit est ce que l’amour, est ce que l’être humain génère l’amour ? Ou est ce que l’être humain s’ouvre à l’amour qui préexiste ?

 

Michel Meignant :

Justement quand on élève des enfants qu’est ce que l’on peut faire ?

 

Pierre Rabhi :

Et bien les enfants de toute manière, nous leur transmettons, et moi j’en témoigne aussi, j’ai eu une certaine éducation, cette éducation, elle a été présentée comme la norme. C’est comme ça qu’on éduque, c’est tout. Et nous on était battus, bon, on était battus, c’était la norme. Et on ne pensait pas autre chose, c’était la norme. Donc, moi j’ai vécu dans une société où le sentiment corporel existait. Je ne peux pas dire le contraire, c’était comme ça. Et effectivement, il y avait des moments, où on avait l’impression que c’était arbitraire. Que c’était etc. Et puis il y avait des moments, moi j’ai vu, vu, de mes yeux, mon propre père me battre en pleurant, en pleurant. Et voilà. Dieu sait que même moi, je ne suis pas exempt d’avoir commis même avec mes enfants. Parce que, parce que le réflexe, moi tel que j’ai été conditionné… Il est certain qu’il faut abolir la violence contre l’enfant. C’est absolu, absolu. Et si on prend son propre vécu, c’est comme ça que cela c’est passé. Par contre il y a des violences aussi qui sont sur l’humiliation. Ah je ne te frappe pas, non, je n’ai pas touché physiquement. Mais j’ai touché moralement. Mais je n’ai pas touché physiquement, ah non ! Je n’ai pas tapé, je n’ai pas fait une fessée. Bien sûr on porte atteinte à la dignité en frappant, et il ne faut pas le faire, mais on porte aussi atteinte à la dignité sans frapper, mais avec simplement des mots. Ni l’un, ni l’autre ne sont excusables. Rien n’est excusable. Mais la violence n’est pas circonscrite simplement à l’acte physique.

 

(Valse de Ravel… Images de l’Orchestre Philharmonique de Jeunes Simon Bolivar Venezuela)

 

Au Venezuela, 500 000 jeunes des bidonvilles, repartis dans 300 orchestres symphoniques, trouvent des repères et découvrent l’empathie, grâce à « El Sistema ».

 

José Antonio Abreu (fondateur de « El Sistema » Venezuela) :

Tout ce qui est bon, louable et noble doit pouvoir être reproduit. Sinon ce ne serait pas vraiment bon et noble. Alors, ce qui est bon pour un enfant pauvre doit l’être pour tous les enfants pauvres.
Donc, nous devons comprendre que nous avons la responsabilité de reproduire inlassablement notre mission. Mais pas que nous, tous les artistes doivent lutter dans leur domaine, que ce soit le théâtre, la danse ou la littérature. Le fait que la musique puisse exprimer l’invisible, le sublime donne une forme de créativité particulièrement féconde.
Cette capacité mystérieuse et unique d’exprimer ce que ne peuvent pas exprimer d’autres formes d’art lui confère un potentiel infini et une intense sensibilité.
De plus, la musique marque sans doute plus profondément les humains que les autres arts. Nous nous battons grâce à l’art pour unir cette nouvelle génération, ces enfants et ces jeunes qui seront le vrai espoir du monde. Et la musique, c’est ça : le bonheur, la paix, l’espoir, l’intégration, la force et une énergie infinie.

 

Gustavo Dudamel (chef d’orchestre, « El Sistema ») :

« El Sistema » est une immense famille qui a un père à sa tête, c’est le maestro José Antonio Abreu.
Il nous a voué sa vie. Il a eu cette idée qui a changé le Venezuela.
Dans notre pays, « El Sistema » est devenu un symbole patriotique.

 

Michel Meignant :

Alors qu’est-ce que vous pensez de la situation aujourd’hui en France ?

 

Marion Cuerq (cinéaste française vivant en Suède) :

Le premier truc qu’il faut changer en France, pour nos enfants, c’est cette image sacro-sainte de la famille. La famille, on a une image de la famille en France, c’est joli, c’est mignon, mais c’est complètement faux. C’est-à-dire que non, la famille n’est pas forcément un lieu où l’enfant est bien, bien traité. Il y en a plein des familles très bien, je ne dis pas, mais cette image de la famille qui est complètement intouchable en fait. Ils le disent d’ailleurs. Les services sociaux français le disent: On ne va pas retirer les enfants à leurs parents, alors que cela peut complètement ruiner leur relation avec leur parents. Mais il vaut mieux retirer un enfant de sa famille, là je parle de maltraitance sévère bien sûr, de retirer un enfant de sa famille, plutôt que de dire : Il est mieux avec ses parents. Si ses parents le détruisent, il ne sera pas mieux avec. Il faut changer cette chose que l’enfant il appartient aux parents. En Suède l’enfant, il s’appartient à lui-même, bon ça c’est sûr, il est l’enfant de ses parents, ses parents l’éduquent, ils ont des droits, tout ça mais arrive un moment, si l’enfant est mal traité, la société intervient. Tout comme la société interviendrait si un mari traitait mal sa femme. Il n’y a pas cette opacité que l’on a en France et qui est un gros problème, oui.

 

Isabelle Fillozat (auteure, psychothérapeute) :

C’est vrai que c’est difficile de comprendre pourquoi les français tiennent tellement à pouvoir frapper les enfants, à pouvoir les humilier. Nous sommes un des peuples les plus violents d’Europe et c’est très étonnant pour moi en même temps, petit à petit je comprends de mieux en mieux les phénomènes qui nous mènent à défendre même ce qui est indéfendable, tout simplement parce que, c’est ce qui nous permet d’éviter de sentir la douleur de notre propre enfance. Donc la réduction de dissonance cognitive, dissonance cognitive, c’est lorsque nous avons des comportements en décalage avec nos croyances, avec nos pensées. Et ce n’est pas possible, cela génère une angoisse trop forte. Et donc du coup la personne qui se trouve en état de dissonance cognitive, doit réduire cette dissonance et malheureusement, il est beaucoup plus facile de modifier ses croyances que de modifier ses comportements. Et donc quand un parent se retrouve à avoir cette énergie à l’intérieur de lui et à gifler, frapper son enfant, à l’humilier, à lui crier dessus. Au début peut être qu’il le réprouve et ensuite, il serait en état de dissonance cognitive puisqu’il n’arrive pas à retenir cette violence qu’il y a à l’intérieur de lui et donc il dit : « Oh ce n’est pas si grave » et même, « c’est pour son bien ».

 

Marion Cuerq :

L’enfant, notre enfant, qui est quand même la personne que l’on aime le plus au monde, pour lequel on a tant d’amour, on est capable de donner sa vie, on est aussi capable de le frapper. Enfin, il y a une contradiction qui est énorme. Et cela montre bien que cela vient de sa propre enfance, étant donné qu’on a nous-même subi. Ce n’est pas facile du tout d’aller dire : « Mes parents se sont trompés », c’est remettre en question toute une éducation, toute une enfance, une vie quoi. C’est remettre en question sa propre vie et donc les gens ne le font pas. Ils ne font pas ça. Ils ne remettent pas en question et au final, ils reproduisent la même chose. Et puis, ils trouvent ça normal quoi ! Les français ne comprennent pas, enfin, que cette loi-là, que l’on veut passer en France, elle existe déjà dans presque toute l’Europe. Ce n’est pas la France. C’est l’Europe entière, et puis c’est même plus que l’Europe. Mais c’est à la base quand même déjà l’Europe. C’est le conseil de l’Europe qui demande une loi, et ça les Français ils n’en ont même pas conscience. Ils ne savent même pas qu’il y a déjà des pays où c’est interdit. Cela c’est complètement… En 2015, moi ça me dépasse. De ne pas être ouvert un petit peu plus à ce qui se passe à l’extérieur de l’hexagone.

 

Isabelle Filozat :

Je comprends bien le phénomène psychique qui mène là. Les études aujourd’hui, scientifiques, et ce que nous apportent les neurosciences changent encore aussi le paysage, parce que cela nous permet de comprendre encore plus précisément ce qui se passe. On met le cerveau d’un parent sous un I R M fonctionnel, et on regarde ce qui se passe. On donne au parent une vidéo d’enfant qui pleure. Immédiatement dans le cerveau du parent, il y a de l’ocytocine qui est secrétée. Le cerveau est inondé d’ocytocine, et les zones de « Je prends soin de » s’activent. Mais pas chez tous les parents. Seulement chez les parents qui ont reçu enfant, l’attachement dont ils avaient besoin. Si le parent n’a pas reçu l’attachement dont il avait besoin, si il a été frappé, humilié, dévalorisé, envoyé ailleurs, rejeté, et bien, il a vécu du stress enfant, lorsque lui était en souffrance, il s’est senti rejeté, et du coup, lorsque il est face à son enfant ou à un enfant qui pleure, il n’y a pas d’ocytocine. On sait déjà que la violence réduit le nombre de récepteurs à ocytocine dans le cerveau. Et donc il n’y a pas d’ocytocine, et les zones de « je prends soin de » ne s’activent pas. C’est impressionnant !

 

(Musique)

 

(Caracas Venezuela)

 

Roderyk Alvarado :

Non, je n’aime pas vivre ici. C’est très dangereux à cause des gangs, des armes, des fusillades, tout ça…
Ils ont environ 15 ans et ils fument de la drogue, ils sont toujours armés.
Oui, j’ai peur, car ils peuvent se pencher par là et tirer, me prendre pour un autre et me tuer.
Parfois, je pense à ma mère, qui revient du travail, alors ils commencent à tirer quand elle rentre et moi j’angoisse parce qu’elle n’est pas encore là. Ou un autre membre de ma famille…

 

Julieta Requena (tante de Rderyk) :

C’est comme ça dans tous les quartiers, on le voit aux informations. Les gangs, les enfants qui ont grandi ensemble et soudain sont ennemis, un qui tue l’autre, un autre qui tue l’autre, etc.

 

Roderyk Alvarado :

Je rêve de faire trois métiers quand je serai grand :
premièrement, ingénieur en technologie ; deuxièmement, neurologue ; troisièmement, musicien.
Alors je dois continuer d’étudier, sinon je ne pourrai réaliser aucun de mes rêves.

 

Un chef d’ d’orchestre :

Avec moi !
Avec les trombones !
Imaginez que c’est le milieu de la nuit et que vous faites un pet !
C’est ça ! Assez fort pour déchirer… !
Tout le monde.

 

José Antonio Abreu :

C’est ça qui est fondamental : De par sa nature, la musique permet d’organiser des groupes sociaux comme des orchestres et des chœurs.
Dans le cadre, les enfants commencent à pratiquer l’interaction sociale, la solidarité, le travail d’équipe. Il n’y a presque que la musique qui permet ça.

 

Catherine Guéguen (pédiatre) :

Plus on reçoit de l’empathie, plus on sécrète de l’ocytocine et c’est un vrai cercle vertueux. L’ocytocine, c’est une molécule absolument extraordinaire, parce que c’est une molécule, donc, qui donne du bien-être. Avec, là aussi, les chercheurs nous disent pourquoi cela nous donne du bien-être. Parce que, dès que l’on a de l’ocytocine, on sécrète des endorphines et l’endorphine, c’est la molécule du bien – être. On sécrète de la sérotonine qui est la molécule de la stabilisation de l’humeur. Alors les chercheurs nous disent quoi ? L’ocytocine est secrétée dès que l’on a une conversation agréable, dès que l’on reçoit un regard bienveillant, dès que quelqu’un nous donne la main d’une façon empathique, bienveillante. On sait que les caresses aussi provoquent la sécrétion de l’ocytocine, l’orgasme aussi et également l’eau chaude. Donc l’ocytocine est la molécule de l’empathie, de l’affection, de l’amour, de la coopération, de l’altruisme. Donc c’est une molécule fondamentale. Donc, dès que les adultes sont dans cette relation-là, ils permettent à nos enfants de se développer de façon la meilleur qui soit, c’est-à-dire pouvoir être empathique. Des études aussi ont montré que les femmes qui ont été maltraitées durant leur enfance et bien, elles n’ont pas l’ocytocine. Donc, vous imaginez ce que cela fait pour l’enfant qu’elles portent in–utéro et l’enfant qu’elles vont avoir dans les bras. Et ces femmes-là me disent : « j’ai mon enfant dans les bras, je n’éprouve rien ». Evidemment que ce n’est pas de leur faute, c’est parce que dans leur enfance elles n’ont pas reçu l’empathie nécessaire pour que elles-mêmes sécrètent l’ocytocine. Donc vous voyez c’est toujours un cercle vertueux ou un cercle vicieux. Pour briser cette chaîne, bien entendu que l’être humain peut résilier, si le traumatisme initial n’a pas été trop important. Mais pour ça, il faut que cette personne rencontre dans sa vie, des personnes empathiques, bienveillantes, soutenantes et aimantes.

 

Matthieu Ricard (moine bouddhiste, docteur en génétique cellulaire) :

Au fond c’est un processus très profond et effectivement recevoir toute la tendresse, la bienveillance qui n’est bien sûr pas de la bienveillance passive, ce n’est pas de faire de vous un enfant roi ou un disciple roi, ça serait pas vous rendre service du tout. Mais cette bienveillance vis-à-vis de ce que vous êtes profondément, de ce que vous pourriez devenir, donc essayer par tous les moyens de faire s’épanouir ce potentiel qui est en chaque être. Dans le Bouddhisme, on appelle ça une « pépite d’or » qui est dans chaque être. Bon techniquement on appelle ça « de la nature de Bouddha » mais cela n’a pas tellement d’importance. C’est l’idée qu’il y a un potentiel extraordinaire en chaque être. Il peut être comprimé, caché, enfoui dans sa gangue, enfoui dans la boue, les excréments, mais l’or est l’or, il reste ce qu’il est, et on peut toujours le faire venir. Le faire briller, le faire venir à la surface, tel qu’il a toujours été, on ne le fabrique pas, mais, ce potentiel est en nous. Cela c’est le fondement de la voie du Bouddhisme, cela donne aussi une grande confiance que même le pire des criminels, même si on a dévié complètement de ce chemin, même si on a dévalé la pente, ce potentiel est toujours là. Et moi je me souviens d’avoir visité une prison à haute sécurité à Muret dans le sud de la France, et j’ai passé une après-midi avec des gens qui étaient là depuis vingt-cinq ans, probablement ils avaient commis des meurtres parce que sinon on ne reste pas si longtemps, sinon. Et il y en a un qui m’a dit à la fin, à quel point cela leur a apporté quelque chose. Parce que d’habitude on vous dit d’abord vous êtes né avec une espèce de tare originelle, pêché originel, et en plus vous avez ajouté à ça une énorme faute. Alors on est doublement mauvais. Alors que là vous nous dîtes : oui, nous avons commis des actes horribles mais il y a quelque chose en nous qui n’est jamais dénaturé, et que l’on peut essayer de faire revenir à la surface donc l’idée de redevenir quelqu’un qui puisse avoir une certaine intégrité qui puisse contribuer au bien d’autrui. Donc je crois que cette confiance qu’il y a quelque chose en nous qui peut être actualisé, c’est aussi pour ceux qui ont souffert beaucoup, à qui on a dénié ce bien être, à qui, que l’on a abusé de différentes façons, de dire que, ils ne sont pas intrinsèquement mauvais, il me semble que c’est sans doute, le pas le plus constructif que l’on puisse faire, c’est-à-dire quoi qu’il arrive il y a ce potentiel qui malgré tout est quand même quelque part en moi, il suffit que je l’amène à la surface avec l’aide de tous ceux qui peuvent aider, par une présence plus affectueuse, envers qui on peut se fier , une sorte de valeur sûre dans notre vie, et c’est souvent le cas de ceux qui sont sortis de ces drames, c’est qu’ils ont trouvé une personne en qui ils pouvaient faire totalement confiance.

 

Thomas d’Anssembourg (avocat, psychothérapeute et formateur en CNV, communication non violente) :

La violence ce n’est pas l’expression de notre nature. Contrairement à ce qu’on a appris dans nos bouquins de psychologie, que l’homme est un loup pour l’homme et que c’est comme ça, une mésinterprétation du Darwinisme à mes yeux. Pour moi la violence n’est pas l’expression de notre nature, la violence est l’expression de la frustration de notre nature. C’est quand notre nature est frustrée, frustrée et frustrée, qu’ à un moment la mécanique de cocotte-minute fait que ça pète dans tous les sens, et la violence explose sur les autres. Ou si la cocotte n’arrive pas à exploser, la violence se retourne contre nous. Il y a implosion dans la maladie, la dépression, le burn out etc. Et donc nous avons absolument besoin d’apprendre à respecter notre nature, et à respecter qui nous sommes vraiment, notre sensibilité, notre délicatesse, notre force, notre fantaisie, notre fragilité et en cela des approches comme la communication non violente sont salutaires parce qu’elles sont claires, elles sont précises, elles sont rigoureuses et il y a d’autres approches bien sûr et elles peuvent nous permettre d’entrer dans le respect de l’humain en nous. Et l’idée bien sûr n’est pas que je vais respecter ma nature en l’imposant aux autres, évidemment que non. Mais l’idée c’est que quand je connais bien ma nature et que je la respecte, j’ai des clés pour comprendre la nature de l’autre, de l’humain et la respecter. Je n’ai donc plus besoin de prendre ma place sur l’autre, en l’écrasant, je suis heureux de cohabiter avec quelqu’un qui est bien dans sa peau et on cherche un chemin qui nous convienne à tous les deux, on crée du « Nous ».

 

(La mélodie du Bonheur - flash mob - gare d’Anvers Belgique)

 

Michel Meignant :

Est-ce que vous pensez qu’il faudrait faire une loi contre la fessée et la violence éducative, c’est-à-dire les claques, les fessées, les humiliations ?

 

Thomas d’Anssenbourg :

je regrette qu’il faille en arriver là. Je souhaiterais que nous ayons développé suffisamment d’humanité, de conscience, de responsabilité et d’amour profond pour soi et pour l’autre pour que nous n’ayons pas besoin de devoir passer par une loi qui interdit un geste que l’évidence devrait interdire. On ne frappe pas un être humain, on ne frappe pas un être humain et à fortiori un être humain sans défense et un enfant. Malheureusement il faut passer par une loi peut être est- ce nécessaire pour que l’être humain réagisse et se transforme. Je souhaiterais que cette réaction se fasse par l’intérieur, par le discernement, que c’est l’évidence que quand on est en désaccord avec un enfant, on se parle, on s’écoute, on tolère, la friction du désaccord. Parce qu’on n’est pas là pour être confortablement cocouné, on est là pour grandir ensemble et les enfants nous amènent à nous décaper nous les adultes de nos systèmes de pensées et de nos habitudes. Nous sommes tour à tour les disciples les uns des autres. Nous avons absolument besoin d’accepter ce mouvement pour pouvoir nous transformer, nous éveiller. Je souhaiterais qu’effectivement cela vienne naturellement, comme une évidence de cœur. Mais en attendant peut-être qu’effectivement c’est nécessaire de passer par une loi, pour rappeler effectivement un principe de base. On ne se frappe pas.

 

Edwige Antier (pédiatre, ancienne députée) :

La loi est indispensable. Tant que ce n’est pas gravé dans le marbre de notre république personne ne s’empêchera decontinuer à frapper les enfants. Il faut que ce soit gravé : « L’abolition des châtiments corporels ». L’abolition, c’est plus fort que l’interdiction. L’abolition, ça veut dire : Ce n’est plus dans notre culture. Et on le lira lors des mariages, à toute la communauté, les châtiments corporels sont abolis dans l’éducation des enfants, c’est un message pour notre culture. Donc on ne prendra plus prétexte ensuite d’éduquer l’enfant. Aujourd’hui dans notre société, dans notre loi, est permis le droit de correction, le droit de correction du père de famille ou bien de votre baby sitter. Dès lors que ça a vocation à corriger. Ce n’est pas admissible.

 

Marion Cuerq :

Cette violence elle est là. C’est presque une tradition en France. C’est un peu comme le bon vin et le saucisson, la fessée en France. C’est quelque chose, faut l’avoir vécu. Tout le monde dit que voilà, j’en ai pris, je n’en suis pas mort. Il y a une espèce de négation de soi-même en fait. Parce que de négation de l’enfant que l’on a été. L’enfant qu’on a été c’est quand même très important pour la vie adulte. Enfin, c’est vrai qu’en France il y a aussi une loi pour protéger les enfants des violences, tout ça, mais il y a quand même ce fameux droit de correction en France, qui vient un petit peu tout ruiner. Parce que bon, quand on dit aux parents vous avez le droit de corriger votre enfant physiquement, faut pas trop aller trop loin, n’empêche que la limite c’est qui qui la met, c’est personne quoi. Les enfants, ils ne vont pas mettre une limite, les parents il y en a qui savent s’arrêter, il y en a qui ne savent pas. Et puis il y a des parents qui vont trouver qu’une claque par semaine c’est violent, il y en a qui vont trouver qu’une claque par mois c’est violent… On se fait sa propre limite, donc du coup il n’y a plus de limite et donc du coup la maltraitance des enfants augmente. On ne peut pas de toute façon combattre cette maltraitance parce que bon moi je ne sais pas mais quand j’étais animatrice j’en ai rencontré des enfants qui à mon sens étaient battus. Des petits qui sont venus me voir et qui m’ont raconté ce qui se passait chez eux. Il a une petite fille un jour qui m’a raconté que sa mère l’élevait avec un martinet, une petite fille de 4 ans. Parce que moi tout de suite, bon, j’ai essayé de la faire parler un petit peu, de la mettre en confiance pour pouvoir agir quoi. Et quand j’en ai parlé à ma directrice je me suis entendu dire que chacun élève ses enfants comme il veut. Et quand je lui ai sorti que le martinet était interdit depuis 1992 je crois, et bien elle m’a dit que oui, mais enfin bon, elle connaissait la maman, que ce n’était pas une maman qui était méchante et puis… et puis voilà, et puis fin de l’histoire. Les gens voilà, c’est facile, ça n’arrive que chez les autres. N’empêche que quand on interview les voisins d’un enfant qui a été assassiné tout ça, c’est toujours : « Ils étaient très bien, je ne me doutais de rien ». La violence elle est entre 4 murs quoi. Donc après pour casser ça, ce n’est pas simple. Si déjà à la base, on a un droit de correction qui dit ; « Oui tu as le droit de lever la main sur ton enfant », déjà on ne simplifie pas quoi. Alors qu’en Suède il y a une loi qui dit que tous les professionnels de l’enfance, toutes les personnes amenées à travailler avec des enfants, ont l’obligation devant la loi au moindre doute, même pas qu’un enfant dise, au moindre doute, de faire un signalement. Donc les signalements sont faits très facilement. Et ça ne choque pas une opinion publique comme en France. Parce qu’on dit souvent en France qu’un signalement entraîne la destruction de la famille, tout ça. En Suède non. Un signalement c’est fait, on regarde si ça se passe bien et si ça se passe bien, et ben voilà c’est…

 

Jacqueline Cornet (médecin, présidente « Ni claques Ni fessées ») :

Sur la fin de ma carrière j’étais frappée par le fait que j’avais, ce que j’appelais les récidivistes. J’avais une petite kyrielle de jeunes adolescents que je voyais tout le temps. C’était des enfants de 8, 10,12, 15 ans, à peu près, j’en avais comme ça une dizaine. Je me disais quand même, ce n’est pas normal que j’aie des gosses que je revois deux fois plus souvent que la moyenne des enfants. Donc, c’est pour ça que j’ai commencé à étudier le phénomène de façon plus large. C’est-à-dire que je me suis demandé si outre le phénomène des accidents et des maladies, est ce que le fait de fesser les enfants induisait d’autres problèmes ? Et là j’ai trouvé énormément de travaux, des travaux d’abord américains ou anglais et ensuite dans toutes les contrées du monde. J’ai trouvé des travaux au Yémen, au Niger, bien sûr en Europe énormément, et des travaux qui étudient, alors : Est-ce que le fait de fesser les enfants est bénéfique ? Dans quel domaine ? Il n’y a aucun domaine où on ait pu démontrer que cela soit bénéfique, si ce n’est l’obéissance immédiate. « Tu t’arrêtes de faire ça, ou t’as une baffe », il s’arrête pas, il y a une baffe, il s’arrête. Ça, c’est vrai, c’est efficace. Mais à moyen et long terme, c’est toujours maléfique sur quelque chose. Alors que ce soit l’alcoolisme la dépression, donc on l’a vu la multiplication des accidents et des maladies, l’hyper activité, même, on a trouvé des travaux sur l’obésité, sur le sommeil… Enfin, l’OMS en 2002 a publié un gros rapport de 400 pages qui répertoriait l’ensemble des maléfices faits, promus par la fessée et à ce moment-là en 2002, l’OMS, office mondial de la santé, a pris la décision de lutter contre l‘usage des punitions corporelles.

 

Michel Meignant :

Et alors l’humiliation ?

 

Edwige Antier :

L’humiliation faite à l’enfant, c’est tous les jours, et très petit. Dans notre société. Malgré la phrase de Dolto : « Le bébé est une personne ». Cela veut dire que dès la naissance il ne faut pas nous humilier. Une phrase humiliante, le bébé sent, même quand il ne connait pas les mots, que vous cherchez à l’humilier. Alors humilier un bébé, un enfant, un jeune enfant, c’est tous les jours, parce qu’on va lui dire qu’il faut qu’il soit autonome. Ce mot, je l’exècre. Il faut qu’il soit autonome, cela veut dire : Débrouille toi tout seul. Alors il faut mettre ton manteau de cette façon, il faut quand même que tu apprennes à mettre tes chaussures. Mais ce sont des phrases humiliantes ! On ne s’adapte pas à chaque enfant, à son histoire.

 

Matthieu Ricard :

Je crois que l’humiliation c’est effectivement de nier à la personne toute valeur intrinsèque et de lui dénier tout potentiel de devenir, de s’épanouir pour devenir quelqu’un qui a une richesse immense dans l’existence, donc s’épanouir elle-même et contribuer à l’enrichissement d’autrui. Donc ça, c’est l’humiliation ultime parce qu’elle enlève toute signification à l’existence. Pourquoi continueriez-vous si vous êtes totalement, intrinsèquement inférieur et c’est ça évidemment qui conduit à la haine de soi. D’où l’idée en occident d’utiliser la compassion pour soi même qui est un concept qui est peu connu en orient parce que les gens ne se haïssent pas eux-mêmes. C’est un phénomène assez occidental finalement. Parce que effectivement il y a des gens qui ont été humiliés à un tel point, ou bien maltraités à un tel point que finalement ils pensent qu’ils portent la responsabilité et que ces humiliations sont justifiées parce que ils sont mauvais, inférieurs, laids, nuls et donc c’est pour eux presque plus facile d’accepter la responsabilité d’être inférieur que de penser que la personne, le père, la mère, les proches qui les humilient et qui devraient être l’objet de leur admiration en fait sont des bourreaux déguisés. Donc pour eux c’est plus facile de ne pas renoncer à l’idée que quelqu’un est là pour vous aider dans la vie qu’il ne le fait pas, au contraire, qu’il vous opprime. Donc finalement c’est plus facile de se dire : « Ben non, c’est moi qui suis nul ».

 

(Musique El Sistema, textes Venezuela...)

 

(Chants)

 

Nous sommes très heureux d’être ici aujourd’hui pour vous présenter notre nouvel orchestre en papier. Il y a des altos, des violoncelles et des violons, accompagnés par des contrebasses…

 

Professeur de musique à « El Sistema » :

Sans le soutien quotidien des parents, nous ne pourrions pas mener toutes les activités que nous menons. Si on les convoque pour un concert, ils seront là, et jusqu’à la fin.
Le changement est constant. Quand on voit les 1 400 enfants que nous avons ici, on sent qu’il se passe quelque chose, qu’il y a un changement.
Pas la peine de chercher bien loin. On le voit de ses propres yeux. C’est incroyable !

 

José Antonio Abreu :

C’est un programme d’insertion sociale vraiment efficace et rapide, car chaque enfant draine avec lui sa famille, sa mère, son père, ses frères et sœurs, ses voisins.
Le projet intègre très efficacement tout son entourage.
(Simón Bolívar Youth Orchestra)

 

Gustavo Dudamel (chef d’orchestre, « El Sistema ») :

En écoutant n’importe quel orchestre du Venezuela, on sent qu’il se passe quelque chose.
Les gens parlent d’énergie, ils disent que les enfants ont un certain esprit mais cet esprit, c’est le progrès social que leur a offert la musique.

 

Gerald Chacón (Musicien Simón Bolívar Youth Orchestra) :

Souviens-toi qu’elles sont piquées, ces groupes de trois sont piquées.
« Les élèves s’identifient aux professeurs, car ils savent qu’ils viennent du même endroit qu’eux. »
Tu dois articuler, sinon ça donne : Oh, oh…
Comme si tu étais un chanteur, c’est ça, ouvre la gorge. Imagine qu’un tel chanteur se produise à l’opéra, on lui jetterait des tomates. Tu dois chercher l’articulation.

 

Un élève :

Notre professeur est vraiment bon. Il dit toujours :
« Jouez, mais avec votre cœur, pas avec votre tête ! »
Et en respirant, nous devons voir un paysage devant nous.
Un paysage magnifique !

 

José Antonio Abreu (fondateur de « El Sistema » Venezuela) :

La musique joue un rôle dans la formation de la personnalité, et c’est l’un des points cruciaux de l’éducation.
Il ne faut pas viser seulement le développement de l’intellect et l’enrichissement des connaissances intellectuelles, il faut aussi éduquer la sensibilité, le potentiel esthétique qu’il y a chez tous les enfants et les jeunes.
C’est essentiel pour leur assurer une bien meilleure qualité de vie.

 

Sophie Rabhi-Bouquet (école de « la ferme des enfants ») :

Je suis née pendant l’aventure familiale de mes parents qui ont fait le retour à la terre en Ardèche, au tout début des années 60. C’était une vie de pionniers puisque mes parents ont acheté une vielle ferme abandonnée où il n’y avait ni eau, ni électricité, ni téléphone, à peine une route carrossable. Donc ça a été un chantier permanent, donc moi je suis née un peu à mi-parcours, mais du coup avec mes frères et sœurs nous avons grandi dans cette aventure, ce chantier, où il y avait beaucoup de passage, beaucoup d’accueil. Mes parents ont remis en question beaucoup de choses. Ils ont remis en question le modèle économique et social, ils ont remis en question certaines questions d’autorité, de dominant / dominé etc. Mais eux deux ont reçu une éducation assez conventionnelle où le parent est celui qui dicte les lois et le fait appliquer. Et eux-mêmes pendant très longtemps ont reproduit ces comportements-là. Donc j’ai eu un accompagnement assez conventionnel. Peu de claques et de fessées, ça, c’est arrivé, mais assez rarement. Et déjà étant enfant j’avais conscience que quand cela arrivait c’était déjà un aveu d’impuissance. C’est quand mais parents étaient complètement au bout de leurs ressources…

Michel Meignant :

Quelle importance ça peut avoir de faire cette loi contre les violences familiales, les cris, les humiliations, les gifles ? Est-ce que cela a de l’intérêt ?

 

Sophie Rabhi- Bouquet :

Alors moi je pense qu’une loi est nécessaire mais pas suffisante. C’est-à-dire que moi je suis assez attachée à la règle et à la loi. A l’école, nous avons un certain nombre de règles qui ont pour but non pas de limiter la liberté ou de contraindre ou de servir de levier à une certaine forme de maltraitance mais à mettre tout le monde en sécurité, la même sécurité. Donc cette loi, je pense qu’elle est absolument indispensable et en même temps insuffisante dans le sens où je m’en rends compte en tant qu’enseignante et aussi en tant que formatrice, parce que je reçois beaucoup de parents et d’enseignants complètement désemparés, oui, nous voulons avoir certains comportements, mais par quoi nous remplaçons ces comportements ? Et beaucoup de personnes se sentent complètement démunies face à comment faire autrement que d’utiliser la punition, la domination de l’enfant, les notations, enfin tout ce que nous connaissons. Et donc il y a un réel besoin de trouver de nouveaux outils, et de pouvoir les mettre en œuvre, de pouvoir les transmettre aux parents et aux enseignants. Dans un lieu comme ici au « Hameau des buis » c’est aussi important comme il y a une communauté, un collectif d’adultes, puisque il y a une trentaine d’adultes qui vivent sur le lieu, en même temps il y a plus de 70 élèves qui sont scolarisés à l’école et au collèg. Bien sûr il y a une dimension expérimentale au niveau de la pédagogie parce que nous voulons incarner cette bienveillance dont l’enfant a besoin pour s’épanouir, et en même temps nous devons composer avec les adultes que nous sommes et qui n’ont pas forcément reçu cette bienveillance. Donc ça nous engage à tenter un certain nombre d’outils de communication, de gouvernance partagée… Nous sommes en recherche par rapport à comment est-ce que l’on peut gérer notre émotionnel, gérer le relationnel dans la cohérence avec ce projet pour l’enfant. Mais effectivement, c’est beaucoup plus compliqué au niveau des adultes que pour l’enfant, parce que l’enfant lui en recevant de la bienveillance, c’est tellement naturel pour lui, qu’il n’y a pas de protestation de sa part et il s’engage dans ce projet tout à fait naturellement , pour les adultes, c’est une autre question, c’est beaucoup plus compliqué. Quand on n’a pas reçu ça.

 

Pierre Rabhi :

Incarner les utopies. Jamais l’histoire ne peut évoluer sans utopie. Parce qu’on confond souvent utopie et chimère. Alors que l’utopie, c’est véritablement la transgression, ça peut être la transgression positive ou négative. Je pense qu’Hitler était utopiste aussi. Il est parti d’une utopie, il a su manipuler, avoir recours à disons au subliminal de la germanité euh, comment dire humiliée. Vous savez si après la guerre de 14 la main tendue aux Allemands il n’y aurait pas eu d’humiliation, il n’y aurait pas eu Hitler. Persuadé qu’il n’y aurait pas eu Hitler. Voilà un peuple humilié, et on en mettait, hein, la littérature, tout le monde s’y mettait pour les humilié, les vaincus, les ce que vous voudrez. Si on avait été dans l’amour, la coopération : on va vous aider, on va s’entraider, cela aurait éradiqué Hitler.

 

Nadine Arié (médecin) :

Pendant la guerre on a eu une existence un petit peu bouleversée. Puisque mon père a écrit au haut-commissaire aux affaires juives en disant qu’il ne voulait pas porter l’étoile. J’ai d’ailleurs toujours les étoiles ici. Et bien entendu il n’y a pas eu de réponse, donc nous avons traversé la ligne de démarcation et nous sommes allés en zone libre à Marseille, nous avons quitté Marseille à temps et nous sommes allés à Sarlat, puis au Puits. Et nous avons toujours vécu cela de façon, euh, je veux dire extraordinaire, parce qu’enfant, j’avais trois ans ou quatre ans, on ne se rendait pas compte et chaque fois mon père nous annonçait: « On va partir ! Vous allez voir, ça va être formidable, vous allez connaitre des gens, vous allez voir… » Et c’était toujours une ambiance chaleureuse et gaie. On allait découvrir d’autres choses, d’autres gens et voilà on a passé la guerre comme ça.

 

Michel Meignant :

Ton histoire me rappelle le film « La vie est belle ».

 

Nadine Arié :

Oui, oui. Je crois qu’effectivement c’est formidable de toujours voir et de faire saisir aux autres et en particulier aux enfants, le côté qui peut être heureux de l’existence .Le côté qui peut être sympathique et chaleureux de l’existence, c’est capital.(55mn18)

 

(Extrait la vie est belle de Roberto Benini)

 

Nadine Arié :

L’enfant c’est l’avenir de l’homme, donc c’est tellement important de prendre soin de nos enfants. C’est l’avenir.

 

Michel Meignant :

Il y avait le problème des humiliations. C’est l’histoire d’Hitler qui n’a pas été reçu dans son école de dessin, parce qu’il voulait être peintre… Alors il compare le vrai destin d’Hitler et puis ce qui se serait passé s’il avait été reçu dans cette école et s’il était devenu peintre.

 

Cornélia Gauthier (médecin, psychosomaticienne) :

Je dois beaucoup travailler sur les humiliations dans mes thérapies avec les patients. Euh… Souvent il y a la peur, il y a la colère, mais dessous il y a souvent l’humiliation. Et la personne ensuite se met à l’ombre d’elle-même. Et elle n’ose plus s’affirmer et elle se met toujours en retrait, elle ne peut plus s’épanouir en fait. C’est ce qu’on cherche à faire d’ailleurs, en humiliant, en disant : « Tu es complètement idiot, tu es la honte de la famille » enfin, on fait beaucoup des choses comme ça, dans l’espoir que l’enfant en fait va se donner la peine après pour faire mieux, pour pas qu’on lui redise ça. Mais en fait, voilà, le système est à l’envers. Et en fait l’enfant s’enfonce de plus en plus dans… Il n’y croit plus lui-même. Il se croit, il ne se fait plus confiance à lui-même. Oui. Je dirais qu’il faut voir plus large que la fessée. Euh... On dit souvent la fessée pour mettre tout dans le même... Enfin les violences physiques, je dirais dans le même panier, mais , mais quand quelqu’un fait quelque chose, un enfant fait quelque chose qui n’est pas permis, souvent il ne le sait pas. Il faut aussi dire ça. Je me souviens d’une patiente qui était contente d’elle. Elle m’avait même raconté à la consultation qu’elle n’avait pas tapé son enfant parce qu’elle avait trouvé un truc. C’est-à-dire que l’enfant avait dû dire un vilain mot, enfin je ne sais plus ce que c’était exactement, à table, et elle a pris son verre d’eau et elle lui a jeté son verre d’eau à la figure et il s’est arrêté instantanément. Donc elle était très contente parce qu’elle n’avait pas eu besoin de le taper. Donc pour dire, la fessée c’est beaucoup plus large parce que ça prend aussi en compte ce genre d’agression. C’est toutes les agressions physiques on va dire, de la claque à la fessée, et après beaucoup, beaucoup plus loin, les martinets, et tout ça, qui sont peut-être un tout petit peu moins utilisés il me semble. Et bien les cris cela a le même impact. Euh… D’ailleurs quand quelqu’un crie, on peut vraiment sentir l’impact, carrément au niveau de la poitrine comme ça, et rester tout aussi sidéré que si on avait pris un coup. Et je dirais cela va plus loin, même le regard ! Et j’ai aussi de nouveau quelques patients qui me racontent que « Mon père n’a jamais levé la main sur moi, il suffisait qu’il me regarde et je filais droit ! Le regard était suffisant.

 

(Centre Barquisimeto Venezuela)

 

Yowuanuska Cordero (petite fille, language des signes) :

Je préfère certaines des chansons que nous chantons à d’autres.
Avec certaines, on dirait que nos mains volent. C’est pour ça que j’aime tant le chœur de l’Ave Maria, il m’émeut.
C’est pour ça que j’aime tant le chœur de l’Ave Maria, il m’émeut.

 

Carlos Rojas (garçon language des signes) :

Á Caracas, dans le monde entier, en Allemagne, en Espagne, tout le monde aime l’Ave Maria.
Les gens pleurent, nous parlent. Tout le monde aime l’Ave Maria. Les malentendants qui nous voient, et ceux qui nous entendent apprécient, disent que c’est très émouvant et que nous faisons du bon travail.

Michel Meignant :

Comment on peut arriver à lutter contre le réchauffement climatique ? Comment on peut arriver à développer l’empathie pour la nature ?

 

Thomas d’Anssembourg (avocat, psychothérapeute et formateur C N V) :

J’aime bien ce saut que vous me faites faire parce qu’ il peut paraître bizarre de l’empathie au réchauffement climatique et cependant dans mon travail d’accompagnement des personnes dans les cycles, les saisons de l’existence depuis plus de vingt ans et dans mon accompagnement intérieur j’ai acquis cette profonde conviction que nous n’allons par miracle respecter la vie, là devant, sans avoir appris à la respecter là, dedans. Nous n’allons pas par miracle respecter la nature tout autour, sans avoir appris à respecter notre nature intime et je crois qu’aujourd’hui de plus en plus de nos contemporains perçoivent bien ce lien que nous avons d’abord besoin de nous pacifier pour pouvoir être pacifiant. Et qu’à l’inverse, si nous continuons de violenter notre nature intérieure, notre sensibilité, notre délicatesse, notre créativité, notre intuition, notre puissance, aussi, si nous continuons de faire violence à ça, tôt ou tard cette violence se reproduit sur les autres. Sur le conjoint dans le couple, sur les enfants et bien sûr sur la nature. Notre façon d’abuser de la nature représente un peu l’extension d’un abus que nous perpétrons sur nous même, d’un mépris que nous perpétrons sur nous-même.

 

Sophie Rabhi-Bouquet :

Il me semble que pendant le vingtième siècle, il y a un certain nombre de carcans et de verrous qui ont sauté… On a remis en question l’idéologie, la religion, le carcan familial, et du coup, l’être est de plus en plus amené à une exploration intérieure, à se connaître lui-même, à se choisir, à reprendre son pouvoir et non plus à prendre le pouvoir sur les autres. Et petit à petit, donc, effectivement à se rapprocher peut être de cet enfant intérieur, et de cette réalité qui est sans doute celle des Bonobos aussi. C’est que l’on peut vivre dans la sérénité, dans la paix, dans l’harmonie. En tous les cas c’est pour cela que nous travaillons.

 

(Chants)

 

Claudine André (fondatrice « Lola Ya Bonobo », Congo Kinshasa) :

Je n’ai aucun souvenir d’une brimade quelle qu’elle soit, j’ai eu une très chouette enfance. J’étais surtout en communion avec mon père, et mon père a été très important dans ma vie. Comme il était vétérinaire, et qu’il m’a tout appris des animaux, de la nature. Je suis arrivée au Congo en 1951 donc j’ai eu une enfance extrêmement… très heureuse, dans une nature magnifique, et… et voilà.
Et puis mon rêve s’est cassé en 1960. C’était l’indépendance et la débâcle qui a suivi. Donc, c’est vrai que j’ai eu peur pour ma vie, souvent, même. Mais ça n’empêche pas que j’arrive à garder ce sentiment profond d’amour, vis-à-vis du Congo. C’est peut-être dû parce que je n’ai ni le droit du sol, ni le droit du sang. Donc je dois peut être en faire plus pour le Congo, pour montrer que je l’aime tellement.

 

(Chants des mamans de substitution)

 

Michel Meignant :

Vous accueillez des petits Bonobos, orphelins quand leur mère a été tuée par les chasseurs ?

 

Claudine André :

Oui, très vite, on est venu m’apporter un petit Bonobo mourant, et le regard de ce Bonobo… et je crois que le directeur du zoo il avait appris à me connaître depuis quelques mois, il m’avait dit maman Claudine, ne mettez pas votre cœur. Cet animal il meurt toujours. On ne sait pas pourquoi, mais, on n’arrive pas. On a cent pour cent de mortalité. Je me suis dit, bon, je vais sauver le zoo en pleine guerre, mais je vais aussi peut être sauver ce Bonobo. Et avec une amie qui était infirmière en salle d’urgence, on a sauvé ce Bonobo. Je crois qu’on l’a surtout sauvé parce que on lui a donné beaucoup d’amour. Ca va Mi nova ? Elle a encore eu beaucoup de fièvre ? Bonjour bébé. Alors comment tu vas avec ta fièvre ? Oh tu es jaloux, tu es jaloux. Je sentais que la clé c’était cela, avoir de l’empathie pour lui, ressentir ce qu’il ressentait comme un orphelin, pas comme un animal qui se trouve tout seul c’est tout, mais comme un orphelin, et remplacer par l’amour ce qu’on pouvait le faire. C’était assez difficile dans un pays en guerre qui a besoin de tout etc. je m’occupais des animaux, mais je m’occupais tout autant des hommes au zoo donc ma conscience allait bien, mais c’était difficile de demander aux gens de m’aider alors que toute la ville était détruite ce n’était pas si simple. C’est difficile d’arracher ce petit orphelin qui refait un transfert affectif sur le corps de sa maman de substitution. Mais je pense qu’il a très vite compris qu’elle est là le lendemain matin. Elles dorment avec eux dès qu’il y a un vrai gros problème, mais elles ont leur vie de femme aussi, donc tout ça est un… Chacun donne et chacun reçois. Enfin c’est un endroit ici où on doit travailler bien sûr, pour un salaire parce que on a une famille et tout mais, on doit être le cœur dans le projet et ça, je crois que c’est assez magique à Lola, et les mamans elles ne reculent devant rien pour leur bébé. Très souvent quand il y a un petit qui ne va pas bien et que l’on doit faire la quarantaine les enfants disent « Moi je le fais, j’en ai déjà eu 100, 50, qu’est-ce que c’est ? Les Bonobos sont de merveilleux diplomates parce qu’ils anticipent les conflits. Quand il y a un conflit on essaye de le résoudre, on essaye de montrer à l’autre qu’on ne va pas, absolument pas se battre pour tout ça, même pour la distribution de nourriture. Et d’ailleurs les Bonobos préfèrent même partager avec un Bonobo qu’il connait moins bien. Donc c’est vraiment encore pour montrer à l’autre qui n’est pas si proche qu’il n’est vraiment pas du tout un ennemi. Et souvent ils utilisent évidemment le langage de paix qu’est le sexe pour le Bonobo. Mais c’est plein de diplomatie, nous on va à l’école pour apprendre ça. La diplomatie. Pour arriver à ne pas déclarer une guerre. On utilise beaucoup, beaucoup de diplomatie. Parfois on se dit : mais pourquoi on ne leur rentre pas dedans ? Non, on va quand même essayer, parce que malgré tout, on n’aime pas trop la guerre, peut-être, on a quand même un petit peu un côté Bonobo, vous savez. Je pense qu’on naît Bonobo. (Cris de Bonobos) Eh ben voilà, quelqu’un qui est d’accord avec moi. On naît Bonobo. Et peut-être le chemin que l’on fait nous transforme parfois en chimpanzé.

 

(Chants des mamans de substitution suite)

 

Matthieu Ricard :

j’ai été principalement élevé par une grand-mère gâteau et ma mère qui était la crème des femmes et mon père qui venait, était quand même très présent , ce n’était pas un père absent mais, il y avait des longues périodes où il n’était pas là mais il était présent dans notre vie, parce que il était là, on faisait plein de choses ensemble, on allait jouer au foot etc…Et ma mère et ma grand-mère étaient toutes les deux, enfin, oui, nous couvraient de gentillesse quoi ! C’est sûr que rétrospectivement, je mesure l’immense cadeau que c’est dans l’existence.

 

(Cérémonie du panthéon)

 

François Hollande (Président de la république française) :

Aujourd’hui la France a rendez-vous avec le meilleur d’elle-même. Ils sont quatre à entrer aujourd’hui dans le monument de notre mémoire nationale. Ils sont quatre, inséparablement liés dans cette célébration. Qui veut que des personnalités remarquables, soient données en exemple pour inspirer les générations nouvelles. Ils sont quatre, admirables sans avoir voulu être admirés, reconnus sans avoir chercher à être connus, célébrés sans avoir imaginé être célèbres. Deux hommes, deux femmes qui incarnent la résistance. Pas toute la résistance. La résistance a tant de visages. Il y avait des français, il y avait des étrangers, communistes, gaullistes, socialistes, radicaux et même royalistes. Ce qu’ils étaient hier, ils ne se le demandaient plus. Ce qu’ils voulaient être c’est être tous compagnons de la même libération. Pour que l’intolérable ne soit pas toléré. La véritable force, est dans la solidarité humaine et qu’il n’y a pas de courage, s’il n’est pas partagé. Les haines dont Vichy s’était emparé : Haine du protestant, haine du juif, haine du franc maçon, du libre penseur, haine du front populaire, haine de la ligue des droits de l’homme, haine de la démocratie. 70 ans après ces haines reviennent, avec d’autres figures, dans d’autres circonstances, mais toujours avec les mêmes mots, les mêmes intentions. Elles frappent des innocents, des journalistes, des juifs, des policiers. Et c’est pour conjurer cette résurgence funeste que les français le 11 janvier ce sont levés. Parce qu’ils n’ont jamais peur, jamais peur de défendre la liberté. Tous n’étaient pas là ce jour-là. Mais la marche était pour tous, pour la liberté. Entendons aussi, Germaine Tillon nous prévenir : « Il n’existe pas un peuple, qui soit à l’abri d’un désordre moral collectif ». Aujourd’hui, Germaine Tillon serait dans les camps de réfugiés qui attendent les exilés de Syrie et d’Irak, elle appellerait à la solidarité pour les chrétiens d’orient, elle se serait sans doute mobilisée pour retrouver les filles enlevées par Boko Haram au Nigéria, elle s’inquièterait du sort des migrants en méditerranée. Pour elle la compassion s’appelle fraternité. Pour que la solidarité ne soit pas regardée comme de l’assistance, pour que nous ne soyons pas indifférents. L’indifférence, voilà l’ennemi contemporain, l’indifférence face au fanatisme, au racisme, à l’antisémitisme. Indifférence face aux injustices, aux inégalités, aux indécences. Indifférence face aux catastrophes, au désordre climatique, à l’épuisement de notre planète. Face à l’indifférence, chaque génération a un devoir de vigilance, de résistance et chaque individu a le choix d’agir. Tout commence par un choix. Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay prenez place ici, c’est la vôtre.

 

(Sonnerie aux morts et chant des partisans)

 

Joseph Weismann (évadé à 11 ans de la rafle du Vel d’hiv) :

On a été arrêtés le 16 janvier 1942 à midi. Au « Vel d’hiv », tout le monde connait maintenant la tragédie de cet internement, vraiment très inhumain. En ce qui me concerne, je n’en souffrais pas beaucoup parce que j’étais avec mes parents. Je voyais surtout, la grande crainte c’était surtout de ne pas m’éloigner, parce qu’il y avait un tel désordre, un tel tohu-bohu ! Au bout de quatre jours, on est remontés à nouveau dans un autobus qui nous a conduits à la gare d’Austerlitz, et on est arrivés dans la soirée, à Beaune-la-Rolande. Nous sommes donc restés au camp de Bon de la Rolande une quinzaine de jours, je suppose, vous ne m’en voudrez pas de ne pas être plus précis, jusqu’à ce qu’arrive le jour de la déportation, et que nous arrivions à cette scène qui vous a frappé, et qui a déclenché en vous le désir de me rencontrer pour que l’on parle de la séparation des parents et des enfants. Moi je suis rentré dans la baraque des fouilles avec maman, mon père et mes deux sœurs je ne sais pas. Vous savez, vous imaginez que l’on est quand même treize mille. J’ai assisté à cette scène épouvantable, de cette femme battue. Je revois une espèce de grosse femme avec son corset, son soutient gorge, ses jarretelles. Sa fille qui devait être là , le sang qui a pissé, les mecs qui l’ont, les petits cons de miliciens, saloperie, pourriture, qui l’ont tabassée. Moi j’étais surtout angoissé pourvu que maman n’ait rien caché, mais comme on n’avait pas d’argent, on n’avait rien caché. Laval avait décidé avec tout leur staff de déporter les enfants, mais Berlin n’avait pas donné son accord. Pour qu’on déporte les enfants. Alors ces allemands que l’on a vu arriver dans le camp, cette petite escouade, je vous dis 5 ou 6 soldats officiers, venaient vérifier si effectivement les ordres étaient bien appliqués pour qu’on ne déporte pas les enfants. Et quand il a vu les enfants dans les rangs des déportés, il a dit : « on va les retirer. » Mais au pif : Toi, toi, toi, toi, toi... toi, il y a eu des toi comme ça, il y en a peut-être eu 100, 200, je ne sais pas, je ne pourrais pas vous dire. Il y avait quand même 4000 enfants, un peu plus de 4000. Alors peut-être, 200 peut être… Je ne sais pas. Et j’ai été un des « Toi » ! Et c’est là que se sont déroulées ces scènes invraisemblables, où les femmes se jetaient par terre, s’arrachaient les cheveux, déchiraient leur corsage, les gosses qui hurlaient... Ça a été un moment, vraiment si l’apocalypse existe ça a été l’apocalypse, ça a été apocalyptique. Ça a duré, ça a duré, ça a duré, on était des épaves, on était des loques, on était plus rien, on existait plus. On existait plus. Le choc a été tellement terrible de cette scène de déportation que j’ai dû sentir l’odeur de la mort. Je ne voyais plus mes parents, mais, j’ai senti que je ne les reverrai jamais. Je ne sais pas pourquoi. C’est ce qui m’a décidé de m’évader. Je ne voulais pas m’évader seul. Je me sentais petit, frêle, chétif, je voulais un baraqué pour partir avec moi. Donc le lendemain même de la déportation, j’ai été trouver les garçons qui restaient, j’ai dit : « Moi je veux m’évader. Je ne veux pas m’évader tout seul, viens avec moi ». « T’es fou ! Mais si tu t’évades tu ne reverras jamais tes parents, on va les revoir dans 15 jours ». Et j’en ai interpellé comme ça 10, 20, 30, qui m’ont tous chanté la même chose. Ils avaient raison. C’était une connerie monumentale que de vouloir s’évader. D’abord il y avait aucune chance de réussite, et puis si on allait être repris, on allait être bouffés par les chiens, on allait être bousillés par les gens. Ça c’était le lendemain de la rafle, j’ai trouvé personne, et le surlendemain, il y a deux mômes que j’avais été embêter-là qui viennent avec un troisième, et qui me disent : « C’est toi qui nous as emmerdés hier toute la matinée, toute la journée, toute la matinée que tu veux t’évader, tu veux t’évader, eh ben lui aussi. Alors démerdez vous tous les deux! » Et c’est là qu’on se présente : Joe Kogan qui s’appelait en réalité koganovski ou Koganovitch je ne me souviens plus très bien, et Joseph Weismann, salut, salut, alors quand est ce qu’on s’en va ? Ben, on y va, on essaye, maintenant ? Ben oui. Alors c’était complètement impréparé ça a foiré lamentablement, on a voulu essayer de grimper sur les barbelés, je ne sais pas trop comment on s’y est pris. Tous les gosses se sont attroupés, les gendarmes sont venus… Une catastrophe ! On s’est retrouvés le lendemain, matin, et on a dit : Ben on s’y est pris comme des cons. Ce n’est pas du tout comme ça qu’il faut qu’on fasse. Il n’y a qu’un moyen, pour s’en sortir il faut qu’il n’y ait personne dans le camp. Il faut qu’il y ait personne parce que dès qu’on va vouloir entrer dans les barbelés, d’une manière ou d’une autre, il va y avoir un attroupement, c’est foutu d’avance. Il y avait des miradors, vous savez, quatre miradors autour du camp. Mais on ne distribuait qu’un repas par jour, c’était le midi. Alors vous pensez que pour la distribution du repas il n’y avait plus personne dans le camp, et c’était un bout de pain et une soupe, m’enfin ça nous faisait la journée. Donc on s’évadera à midi. Et le lendemain, Joe et moi on rentrait dans les barbelés à midi, au ras du sol. La première fois on avait fait une tentative dessus, parce que les barbelés, ça n’était pas des rangs, comme ça, c’était des rouleaux inextricables, qui avaient la profondeur peut être vous voyez, du mur du jardin jusqu’au mur là-bas. On y est restés 6 heures. On est rentrés à midi et il commençait à faire brun quand on est arrivés de l’autre côté, on est au mois d’août, alors je dis 6 heures ou 5 heures ou 7 heures j’en sais rien. On a mis tout ce temps-là à traverser. On avait mis double chemise et double pantalon parce qu’on savait que l’on se serait déchirés. C’est Joe qui a commencé le premier, et puis arrivés au milieu, on s’est dit on a fait une connerie. C’est plus possible, on ne peut plus continuer, on était tout déchirés, les mains en sang, on était rasés, le crâne en sang. Ça n’avançait plus, on avançait plus, ça faisait peut être trois heures qu’on était là-dedans, on fait demi-tour! On fait demi-tour, un moment de découragement, et puis on s’est dit finalement faire demi-tour ça va être aussi difficile que de continuer, on a continué. Alors c’est moi qui ai pris le relai et qui ai fait la deuxième partie. Et je me souviens encore ! Quand on est arrivés au bout, j’avais un béret que j’ai jeté, de l’autre côté, derrière, il restait plus rien quoi ! Je l’ai jeté dans le chemin qui passait, et j’ai dit : « Toi, déjà tu es libre! » Et Joe me l’a dit après, il m’a dit : « Je me suis rendu compte que je m’étais évadé avec un fou » ! Qu’est-ce que c’était que ce gars qui, mais il était complètement con, il jette son béret de l’autre côté, il dit « Voilà que mon béret est libre ! Mais ça ne veut rien dire, c’était ridicule ! Voilà si vous voulez comment s’est fait l’évasion, dans sa première partie.

 

Michel Meignant :

Oui et cette première partie où vus retrouvez la liberté. Est-ce que vous trouvez des gens qui vont vous accueillir ? Comment ça s’est passé ?

 

Joseph Weismann :

On ne trouve aucune empathie. On trouve de l’hostilité, de la méfiance. Après avoir erré plusieurs jours trois ou quatre, je ne sais plus combien, en dormant le jour et en courant la nuit, parce que nous, quel était notre objectif ? C’était de rejoindre Paris, on ne connaissait rien d’autre que Paris. Après avoir couché dans la forêt, parce que la forêt d’Orléans couvre une grande partie par-là, après avoir couché plusieurs nuits dans la forêt, je ne sais pas si c’est 4 ou 3, je ne peux pas vous dire, on est arrivés dans un chef-lieu de canton qui s’appelle Lorris (Loiret, France). Il faut vous dire entre parenthèse que mon petit copain Joe avant la guerre était venu en vacances dans cette région, ce qui nous a beaucoup aidés. C’est fou, regardez le nombre de détails qui font qu’on s’en sort. Il était venu en vacances dans cette région et Il se rappelait que dans ce hameau, il avait été en vacances, chez des gens du village. Alors il dit : « Ben on va y aller. » Ça s’appelait les Bordes. Les Bordes, vraiment un truc, je ne sais pas moi, 40 habitants ! (1h27mn 27). On est allés sonner chez, chez la… Alors c’était une femme seule qui nous a ouvert avec son fils qui devait avoir notre âge à peu près. Alors, on s’explique : « Voilà on était en camp, on s’est évadés, alors, elle nous a offert une soupe, et puis on lui a demandé de nous coucher et elle a refusé. Et moi, sans m’en rendre compte, je lui en ai voulu à mort ! Comment cette femme a-t-elle le sans cœur de laisser dans la nuit deux petits mômes, pathétique ! Et ne pas les coucher chez elle ! Qu’est-ce qu’elle risquait ? La nuit d’après on est arrivés dans un chef-lieu de canton qui s’appelle Lorris, vu qu’on est des petits mômes, on va demander l’hospitalité, on était pitoyables, c’est vrai qu’on était un peu sales, c’est vrai que le crâne était plein de cicatrices, c’est vrai que nos vêtements éraient déchirés. M’enfin, on avait mis un petit scénario au point : nos parents nous attendent à Paris et nous on va les rejoindre. Alors il faudrait qu’on dorme, si vous vouliez nous coucher cette nuit ? Alors on a été tirer une sonnette, un coup toi, un coup moi, parce que ça ne nous plaisait pas beaucoup. Et là, je réponds à votre question : aucune sympathie ! foutez le camp! Qu’est- ce que c’est que ces que ces deux sales gosses morveux ! Allez barrez-vous ! Après avoir tiré vainement comme ça, je ne sais pas une dizaine de sonnettes, ou vingt, je ne sais pas je ne peux pas vous répondre, il y a une dame qui a dit : « Bien sûr mes enfants, on ne va pas vous laisser comme ça. Elle nous a pris par la main et elle nous a emmenés à la gendarmerie. Voilà ! L’affaire s’arrête là. Fusillés, morts, pour nous c’était terminé.

 

Michel Meignant :

Alors comment ça se passe à la gendarmerie ?

 

Joseph Weismann :

A la gendarmerie , il y avait deux gendarmes, qui remercient la dame de son civisme, et une fois qu’elle était partie, ils ont dit les enfants, quelque chose du style : « Je vous ai compris » , on va être obligés de vous faire dormir dans une cellule parce que on a pas d’autre endroit, c’est ce qu’on appelle le trou du vagabond, c’est une espèce de pièce noire de 2m sur 3, dans laquelle il y a un grabat, et un pot de chambre, il n’y a pas de fenêtres, il n’y a rien du tout. Mais on vous laissera la porte ouverte ! Tu parles ! Ils nous laissent la porte ouverte. On est foutus ! Les gendarmes c’étaient nos pires ennemis. Depuis, au Vel d’hiv, on n’a jamais vu d’allemands, à Beaune la Rolande, on n’a jamais vu d’allemands ! C’étaient que des gendarmes, hostiles. Ils sont en armes, ils sont en uniformes, et puis, ils ont des chiens, alors ils vont nous renvoyer à Beaune la Rolande, parce que on n’était pas très loin de Beaune la Rolande, je l’ai refait après, on était à 17 kms ! Parce qu’on a tourné en rond ! On n’avait pas de carte, et puis de toute façon on aurait eu une carte, on n’aurait pas su la lire. On était sûr qu’ils allaient nous renvoyer à Beaune La Rolande et nous faire bouffer par les chiens. On a chialé toutes les larmes de notre corps et puis enfin on était tellement fatigués, on est tombés sur nos grabats, on a dormi, le matin on s’est réveillés de bonne heure, au mois d’août les jours sont longs, il devait être 5 ou 6 heures, la porte était ouverte, on est sortis. Et il fallait qu’on aille sur la place de Lorris où arrive un autocar qui allait Montargis et à Montargis il y avait un train qui allait à Paris. Et quand on est arrivés sur la place de, sur la place principale là, de Lorris, l’autocar est arrivé et quand on a voulu monter il a dit je ne peux pas vous monter parce que moi, mon autocar il est plein mais il y en a un autre qui arrive derrière, et qui va être vide, donc il n’y a pas de problème. Et à ce moment-là les deux gendarmes sont arrivés en disant au chauffeur : « Tu fais descendre deux personnes, tu prends les mômes, ils sont pressés ! » Vous voyez ? Vous êtes dans l’antipathie et dans l’empathie là ! En plein.

 

Michel Meignant :

Alors c’était les deux gendarmes qui vous avez…

 

Joseph Weismann :

C’était nos deux gendarmes. Qui étaient des résistants !

 

Michel Meignant :

Ben, Oui.

 

Joseph Weismann :

Que j’ai essayé de retrouver bien après mais malheureusement, ils étaient décédés.

 

(Flash Mob - Symphonie Beethoven : Ode à la joie)

 

(Générique de fin)

 

Isabelle Filliozat :

Pendant des lustres on a cru, on a raconté, que l’humain était foncièrement mauvais, qu’il était foncièrement violent et que nous avions à éduquer l’humain pour qu’il cesse d’être violent. En réalité, ça à l’air d’être bien le contraire, les neurosciences nous montrent aujourd’hui que l’empathie est naturelle, un nourrisson est déjà empathique, petit à petit les tous petits bébés développent naturellement l’empathie et même la morale le petit enfant est capable d’apporter son propre doudou à un autre enfant quand il le voit pleurer, un petit peu plus grand, il va non pas apporter son propre doudou mais, il va chercher le doudou de l’enfant pour le lui apporter. Donc, nous sommes programmés pour être bons les uns envers les autres.

 

Catherine Guéguen :

A l’heure actuelle, beaucoup de recherches disent que la majorité des maladies psychiatriques sont dues à des modifications cérébrales dues au stress et à la maltraitance de la petite enfance. On sait comment ça marche au niveau biologique. Donc ne pas donner d’empathie à un enfant a des conséquences redoutables. Ça modifierait l’apprentissage, et ça modifierait aussi le comportement. Beaucoup d’adultes se plaignent des enfants agressifs à l’école, et de la délinquance eh bien si les enfants recevaient de l’empathie à la naissance et pendant la petite enfance ils ne deviendraient pas agressifs, ils ne deviendraient pas délinquants. Plus l’enfant reçoit d’empathie pendant l petite enfance, plus l’enfant devient empathique et l’inverse est vrai également.

 

Marion Cuerq :

ça veut pas dire qu’on renie l’histoire, quoi, il y a des années de cela on tapait les femmes, on avait la peine de mort, on torturait les gens enfin, il y a eu une évolution de tout ça ! Pourquoi il n’y a pas d’évolution quand il s’agit des enfants ? Les parents ont leur enfance, ils ont vécu, l’amour qu’ils ont pour leurs parents, qui est tout à fait respectable, qui n’est pas à remettre en question. Mais il faut penser comme ça en fait. Il faut penser en fait, qu’on ne remet pas en question tout ce qu’on a vécu, on dit juste : « OK toi tu l’as fait, parce que, il y a vingt ans, on ne savait pas faire autrement. Moi, au jour d’aujourd’hui, en 2015, j’ai accès à plein de choses auxquelles tu n’avais pas accès, et je sais qu’on ne le fait plus. Ça ne fait pas du tout de toi un mauvais parent, ça fait juste que, voilà, aujourd’hui j’évolue.

 

Matthieu Ricard :

On est juste à, un point de basculement aussi bien vers une société plus altruiste ou plus individualiste, de sauvetage de l’environnement ou pas, on est vraiment à une époque incroyablement charnière et là il faut que la société civile intervienne, l’autorité religieuse qui n’ont pas d’élections à perdre et qui n’ont pas d’électorat à perdre non plus, il faudrait que d’une façon tonitruante elles s’expriment sans la moindre ambiguïté sur la question de l’environnement ! Bon, espérons qu’ils vont le faire. Je crois que le pape va faire une encyclique l’année prochaine sur l’environnement. Est ce qu’il sera suivi ? Il faut vraiment qu’il y ait une mobilisation majeure de l’opinion pour aller contre cette inertie, contre cette tiédeur qui est la nôtre aujourd’hui !

 

Pierre Rabhi :

Les appartenances gauche/droite, je m’en fiche littéralement, je respecte ceux qui sont de gauche, ceux qi sont de droite. Mais moi je pense qu’aujourd’hui, l’humanité est arrivée à un stade où il faut qu’elle devienne intelligente. Intelligente, c’est-à-dire qu’elle transcende en quelque sorte tous les réflexes violents dont nous sommes prisonniers, pour transcender tout ça et aboutir à l’intelligence et cette intelligence, je crois que le seul projet aujourd’hui qui me parait intéressant, c’est : Comment allons-nous travailler pour que l’humanité retrouve son unité et retrouve la paix à travers son unité ? Nous prenons conscience que nous ne sommes qu’une seule et même famille sur cette merveilleuse planète terre, qui nous offre absolument tout. Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Quels enfants laisserons-nous à la planète ?

 

(Fin du générique de fin)

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